Contributeur: Emmanuel Roynel
France, département du Calvados, à environ 15km à l'est de Vire et à environ 60 km à l'ouest de Falaise, commune de Vassy.
Courval ou Corval est un hameau de la commune de Vassy, dans le canton de Vire, dont le nom signifie "la vallée courbe" (12ème siècle). Cette ancienne commanderie du Temple, rebaptisée par les Hospitaliers, s'appelle aujourd'hui l'Hôpital.
L'hôpital de Courval, situé dans la paroisse de Vassy, à 15 kilomètres de Vire, formait un membre de la commanderie de Baugy.
On ne connait pas avec exactitude le moment de la création de la maison templière de Courval, les chartes reprenant les donations initiales étant "perdues", mais il semblerait que ce soit Philippe de Vassy, avec d'autres seigneurs de la région dont Guillaume de Vicques, qui soit à l'origine de l'implantation des Templiers à Courval, après 1169(1).
Leur participation à cette fondation se trouve dans un accord fait au mois de juin 1226, en présence de Guillaume Acarin(2), doyen du St-Sépulcre de Caen(3), entre l'abbé et les religieux d'Aunay(4), d'une part ; et Guillaume d'Aquila, précepteur des maisons du Temple en Normandie, ainsi que ses frères de la milice du Temple de Courval, d'autre part ; au sujet d'une contestation pour la dîme de Vassy et de celle du fief d'Aligny, donnée à ces derniers par Philippe de Vassy.
Le logis seigneurial, ou résidait le commandeur, était une vaste demeure à un étage, d'une grande simplicité, mais dont les fenêtres étaient élégamment sculptées. Il sera reconstruit au 15éme siècle, après que la maison du Temple primitive ait été incendiée et détruite en 1346, lors de la guerre de Cent Ans.
Sa chapelle de construction romane, à plein cintre et à contre-forts droits, offre seule quelque intérêt, sa façade de pierre sombre, percée de quatre hautes fenêtres et d'une petite porte en plein cintre, est étayée par cinq puissants contreforts ; le clocher a malheureusement disparu. Elle était couverte en essentes de bois. L'intérieur du monument conserve une belle arcade, et quelques fragments de sculptures et de fresques fort peu entretenus.
Les domaines de cette maison se composaient de sept à huit petits fiefs, situés à Vassy et aux environs, diverses redevances dans les paroisses du Tourneur et de St-Pierre-Tarentaine, ainsi que de plusieurs tennements dont l'un nommé La Templerie, situé dans la paroisse du Chêne-Dollé, (actuellement commune de Chênedollé) indique suffisamment son origine.
Le prieur de Courval jouissait en outre d'un tiers de la dîme de Vassy ainsi que des cens et rentes de l'hôpital. Tous les revenus de ce membre n'étaient cependant affermés que 750 livres par an.
Le 13 octobre 1307, sur ordre du roi Philippe Le Bel, les Templiers du duché sont tous arrêtés. A Courval, les officiers royaux commandés par Thomas Alapenne envahissent la commanderie et se saisissent du Commandeur Etienne de Châteauneuf et de ses deux chevaliers Guillaume Tane et Richard Bellenguel. Gautier de Boisgilont, vicomte de Caen, procède lui-même à l'arrestation de Mathieu Renaud, commandeur de Bretteville.
Les moines soldats de Courval sont alors conduits sous bonne escorte au Châtelet de Caen, ou ils sont emprisonnés et interrogés. Ils avouent sans tortures avoir renié leurs voeux.
Divers actes passés devant les baillis de Caen, entre 1375 et 1376, signalent que les Hospitaliers, en héritant de la Commanderie de Courval, ont également hérité du procès que les Templiers avaient à soutenir contre l'abbé et les religieux d'Aunay pour la dîme de Vassy.
On y voit que le premier commandeur de l'Hôpital de Courval après les Templiers, est un certain Simon du Fay, dont le sceau porte pour devise " Faites bien et laissez dire".
Dans une série d'articles parus en 1937 dans le Journal de Condé, sous le titre Notre Vieux Bocage, l'auteur (A. D.) signale qu'il existait un cimetière à Courval à l'emplacement du jardin légumier de la ferme où les Templiers puis les Hospitaliers auraient été enterrés (Fonds ancien de la Médiathèque de Condé sur Noireau).
Les Hospitaliers étaient puissants et riches, en 1775, ils possédaient un domaine de 75 hectares ainsi que 108 hectares loués sur les paroisses de Vassy, Le Theil, Estry etc..
Le chapelain qui desservait la chapelle avait un curieux privilège : celui de faire l'eau bénite et le pain bénit tous les dimanches. L'évêque ayant voulu mettre fin à cette pratique, le commandeur des Hospitaliers, Michel de Gastines, lui fera signifier que les privilèges de son Ordre étaient hors de sa portée.
Les commandeurs ne résidaient pas sur place, le logement étant réservé au fermier, mais des pièces leur étaient réservées en cas de visite, le dernier fut le frère Antoine Boscheron qui résidait habituellement à Paris.
Mis sous séquestre en 1789, Courval fut vendu au profit de la nation pour la somme de 162.000 livres, la chapelle devait devenir un bâtiment d'exploitation agricole, servant de grenier à foin....
(1)On ne connait pas exactement la date de naissance de Philippe de Vassy, mais il est devenu seigneur de Vassy à la mort de son père Auvray en 1169. Il est quant à lui décédé en 1221.
(2)On connait peu de choses sur ce guillaume Acarin. On sait seulement qu'il a été le fondateur et le premier doyen de la collégiale du Saint Sépulcre de Caen vers 1220.
(3)La collégiale du Saint-Sépulcre de Caen a été fondée au début du 13ème siècle, grâce au prêtre Guillaume Acarin, qui fait construire en 1219 une église en face du château de Caen, grâce à un don fait par le chapitre de Bayeux. Lors des guerres de religion du 16ème siècle, l'édifice est complètement détruit à coup de canons. La collégiale sera reconstruite au cours des 17ème et 18ème siècles, avant d'être finalement désaffectée au moment de la Révolution.