France, département du Vaucluse, dans l'enclave de Valréas, à environ 40 km au sud-est de Montelimar et 25 km à l'ouest de Nyons, commune de Richerenches.
En 1136, le seigneur Hugues de Bourbouton(1) et plusieurs de ses parents font don de certaines terres à l'Ordre du Temple, dont celle de Richerenches, alors inhabitée et inculte. La première maison templière de Provence y sera créée.
La maison de Richerenches restera pendant quelques temps la plus importante en Provence. Au même titre que celles d’Arles et d’Aix, la maison de Richerenches devient rapidement une maison principale dont d'autres établissements dépendent, dont les maisons d'Orange, Roaix, Villedieu et Montélimar.
Lors de l'entrée dans l'Ordre de Hugues de Bourbouton en 1138, et grâce au don de l'ensemble de son domaine, la maison ne cesse de s'étendre. Les bâtiments sont d'abord construits dans un quadrilatère d'une surface d'environ 1/2 hectare entouré de tours et de remparts. On y trouvait des logements, une chapelle, une forge, des bâtiments agricoles et des ateliers d'artisanat.
Les premières terres données aux Templiers étaient pratiquement incultes, mais avec le don de l'ensemble du domain de Hugues de Bourbouton, ils ont réussi à en faire une importante exploitation agricole et d'élevage de moutons et de chevaux de combat qui étaient par la suite envoyés en Terre Sainte.
La première enceinte fortifiée était à l’origine sans doute plus petite que celle du village actuel qui a été agrandie vers le nord.
Il ne reste de la chapelle templière que l’abside, qui est le chevet de l’église actuelle.
L’architecture du monument montre qu’il a été conçu comme une forteresse. Le caractère fortifié de la construction se constate par la présence de piles massives renforçant l’ensemble du bâtiment : par les mâchicoulis sur arcades disposés tout autour ; par l’existence d’une meurtrière conservée au premier étage sur le mur nord ; par l’épaisseur des murs, dans la partie la plus orientale de l’édifice et par l’étroitesse des fenêtres hautes.
A l’origine, le bâti comportait deux niveaux. L’étage inférieur était occupé par une salle basse. L’étage supérieur était occupé par une salle haute, vaste et soignée, en grande partie conservée. Celle-ci était voûtée d’un berceau brisé scandé d’arcs à doubleaux. Le rez-de-chaussée voûté en berceau a par contre été complètement détruit, seuls subsistent les arrachements. L’architecture du niveau le plus bas ne permet pas d’en deviner la fonction.
L’édifice a subi d’importants remaniements au 18ème siècle (cloisonnement intérieur, percement de baies, construction de la Maison des Notaires).
Comme ailleurs en Provence, les Templiers de Richerenches sont arrêtés en janvier 1308, et leurs domaines sont transférés en 1312 à l'Ordre de l'Hopital de St Jean. Vers 1320, Richerenches et d'autres villages des alentours sont rattachés au Comtat Venaissin, sous l'autorité du pape d'Avignon.
Durant tout le 14ème siècle, la région de Richerenches est sans cesse dévastée par des pillards, ce qui provoque l'abandon du village. Ce n'est qu'au 16ème, sous l'impulsion d'une famille florentine installée à Avignon , que des habitants vont revenir peupler le village qu'ils remettront en état.
Depuis, les choses ont bien changé ; le village s'est agrandi à l'extérieur des remparts et Richerenches est, à présent, une jolie bourgade provençale de 632 habitants.
De l'époque templière, subsistent :
Les noms des commandeurs de Richerenches nous sont parvenus grâce au cartulaire de la commanderie :
(1)On ne connait pas grand chose à propos de ce Hugues, si ce n'est qu'en 1136, il est seigneur du castrum de Bourbouton, situé à environ 2 km de Richerenches. A ce moment, il fait don à l'Ordre de plusieurs terres dont un domaine situé au lieu-dit "Ricarensis". Il entre dans l'Ordre deux ans plus tard en lui faisant don de l'ensemble de ses biens. Il devient commandeur de Richerenches une première fois en 1139 et ensuite en 1145 . Il meurt en 1151.
(1)Philippe II a octroyé aux Templiers de Paris, entre autres privilèges, les droits de haute, moyenne et basse justice pour leur domaine.