Plus que jamais l'intolérance religieuse travaille nos sociétés ; plus que jamais les rapports entre les États et les Églises font problème. Aussi le grand livre de l'historien américain Henry Charles Lea (1825-1909), unique en son genre, garde-t-il une terrible valeur d'actualité. Il nous permet de comprendre pourquoi et comment, pendant des siècles, l'Eglise catholique a cru devoir réduire au silence, voire éradiquer ses dissidents.
Dès le Moyen Age, l'Église était devenue un pouvoir économique et politique de premier ordre. Et, comme tous les pouvoirs, elle fondait une part de son empire sur des bases matérielles et prêtait le flanc à de nombreuses critiques exigeant le retour à la pureté du message évangélique.
C'est pour combattre ces mouvements, dégénérant en hérésies, que les papes ont délégué leurs prédicateurs à travers toute l'Europe, en leur accordant des compétences de plus en plus étendues.
Ainsi est née une institution qui, de plus en plus, s'est substituée aux pouvoirs locaux pour broyer toute résistance à ce qu'il faut bien appeler une « pensée unique ».
Maîtrisant le latin comme l'allemand, l'espagnol comme l'italien, Henry Charles Lea a parcouru les archives de l'Europe tout entière afin de brosser un tableau complet de cette partie souvent refoulée de notre passé.
Cette Histoire de l'Inquisition est aussi une histoire de la liberté de conscience. Qu'elle ait été traduite en français par Salomon Reinach à l'époque de l'affaire Dreyfus et des combats en faveur de la séparation de l'Église et de l'État montre à l'évidence que le combat des Lumières contre l'obscurantisme n'est jamais gagné définitivement.