La période de l'après l'an mil a vu entre autres la naissance des Ordres de Chevalerie Militaires et Religieux, véritable révolution dans l'évolution de la structure politique et sociale des Etats.
La division primaire des fonctions, née durant l'époque carolingienne et quelque peu modifiée au début du Xème siècle partage la société entre Orant (les religieux), Pugnant (les guerriers) et Laborant (la main d'oeuvre ouvrière).
Ce partage restera le mode de fonctionnement de la société occidentale jusqu'en 1129, date du Concile de Troyes qui reconnaîtra officiellement l'existence de l'Ordre des Chevaliers du Temple de Jerusalem, en résumé l'Ordre des Templiers qui réunit deux fonctions de cette société, à savoir les religieux et les militaires.
L'Ordre du Temple fut le premier Ordre de Chevalerie de ce nouveau type qui fût reconnu par les autorités ecclésiastiques et séculières, bien que d'autres Ordres aient déjà existé tout de suite après la première croisade, comme l'Ordre de l'Hopital ou de l'Ordre de Saint-Lazare. Ces Ordres existaient comme Ordres exclusivement religieux jusqu'à leur militarisation, qui interviendra vers 1149 pour l'Hopital et à une autre date, indéterminée pour l'Ordre de Saint-Lazare, qui récupéra dans ses rangs les chevaliers lépreux.
L'Histoire avec un grand H monopolise les attentions sur les croisades et les évènements qui se sont déroulés dans les Etats du Moyen-Orient. Les historiens oublient très souvent de parler des croisades et expéditions qui ont été menées dans le nord de l'Europe, sur les rives de la Mer Baltique.
Ces croisades, destinées à christianiser des peuplades païennes débutèrent officiellement sous l'egide de la Papauté vers 1147, par une expédition contre les tribus slaves des rivages de la Baltique. D'autres Ordres militaro-religieux furent créés dans ces régions, comme les Chevaliers Porte-Glaive en Livonie et l'Ordre des Chevaliers du Christ à Dobrin (Dobrzyn) à la frontière entre la Mazovie et la Grande Pologne. Au fil du temps et des évènements, ces deux Ordres furent inclus dans l'Ordre Teutonique, fondé quant à lui au Moyen-Orient à la fin du XIIéme siècle, mais dont l'essentiel du combat se livra dans les steppes d'Europe Orientale.
La Péninsule Ibérique, théâtre de la retentissante "Reconquista" vit aussi la naissance d'Ordres spécifiques à ces territoires. Il y eut l'Ordre de Calatrava, l'Ordre d'Alcantara, l'Ordre d'Avis, l'Ordre de Santiago, l'Ordre d'Alfama, l'Ordre du Christ, l'Ordre de Montesa et encore quelques autres.
La fin des croisades marqua le glas de ces Ordres, créés par elles et pour elles . L'organisation particulière de ces Ordres, indépendants de tout contrôle séculier, ne devant rendre compte qu'au Saint Siège, en ont fait des puissances jugées inutiles et dangereuses par les Rois . L'Ordre des Templiers fut le premier à être supprimé, en 1307, par l'action du Roi de France, Philippe IV le Bel, jaloux de leur puissance. En Espagne et au Portugal, les différents Ordres furent incorporés à la monarchie, les privant ainsi de toute indépendance. Les Teutoniques, bâtisseurs d'un empire puissant sur les rives de la Baltique au détriment des populations, commencèrent à décliner après une écrasante défaite en 1410 contre une cohalition dirigée par le Roi de Pologne Wladislaw II Jagellon. L'Ordre de l'Hopital quant à lui, dû chaque fois reculer devant l'avancée des troupes musulmanes et ensuite ottomanes, pour finir par se réfugier à Malte, où ils sont toujours présents, mais uniquement comme ordre caritatif.