Auteur : Alain Demurger
Editions Dervy - 1993
Chacun connaît la fin tragique de cet ordre religieux-militaire fondé au XIIème siècle, l'un des plus puissants d'Occident, dont le procès, intenté en 1307 par Philippe le Bel, a alimenté depuis lors bien des controverses et des légendes. Mais on retient moins peut-être le nom du dernier grand maître du Temple, Jacques de Molay (v. 1244-1314), qui devait périr dans les flammes du bûcher pour avoir refusé de renier son ordre.
À dire vrai, l'homme, originaire de la Comté de Bourgogne, ne fait guère parler de lui tout au long d'une carrière discrète en Orient. Son élection à la tête du Temple en 1292 le confronte à la perte des États latins après la prise d'Acre par les Mamelouks. Replié sur l'île de Chypre, il ne cessera dès lors de vouloir reconquérir Jérusalem. Le grand rêve prendra fin avec l'échec de l'alliance mongole. Convoqué en France par le pape Clément V pour y discuter de la croisade et de la fusion entre Temple et Hôpital, Molay se retrouvera pris au piège d'une machination ourdie par le roi de France qui le dépasse et qui portera à son ordre un coup fatal.
Luttant contre un manque cruel de documents, l'auteur a su redonner vie au parcours de cet homme mystérieux, mais non sans caractère et ambition, souvent mal jugé par la postérité. Modifiant au passage quelques dates et données considérées jusqu'alors comme établies, il évalue aussi dans une enquête passionnante sa part de responsabilité dans la condamnation du Temple et les véritables motifs de celle-ci.
Maître de conférences honoraire en histoire médiévale à l'université de Paris I, Alain Demurger a choisi pour terrain de prédilection l'histoire de la croisade et des ordres religieux-militaires. Sa Vie et mort de l'ordre du Temple (1985) et sa contribution à la Nouvelle histoire de la France médiévale (t. 5, 1990) sont devenues des incontournables, tout comme risque de le devenir sa récente synthèse sur les Chevaliers du Christ (2002).