Auteur : Jules Michelet (Claude Mettra)
Editions Robert Laffont - 1998
Le Moyen Age s'inscrit entre deux espaces symboliques : celui de la forêt primitive et celui de la cathédrale.
Dans le parcours qui va de l'une à l'autre, Michelet reconnaît le chemin qui mène de la naissance à l'accomplissement, de la vie de nature à la cité engendrant la culture.
Au-delà de la cité médiévale commence l'agonie d'une civilisation ; dans ses ruines s'édifieront l'Etat moderne et la nouvelle structure du corps social.
Devançant les perspectives de Freud sur les maladies de la civilisation, Michelet décrit la longue aventure médiévale comme la suite des périls auxquels l'âme est exposée, cette âme collective dont on mesure mieux la véritable dimension depuis que l'on a reconnu combien de peuples ont perdu la leur au hasard des conquêtes, des colonisations ou des assimilations abusives...
En assumant cette histoire, Michelet la fonde à nouveau et c'est de l'histoire ainsi fondée que naîtra l'écrivain.
La plongée dans les débuts de la France est pour Michelet un moyen de se délivrer de tout ce qui pèse sur lui, l'empêche d'accéder à sa source authentique : son éducation, les préjugés de son temps et ceux de sa classe, et surtout l'immense confusion des idées et des espérances qui se mêlent dans la France d'après la Révolution.
Dès l'origine du projet, le mot qui sous-tend toute l'entreprise de Michelet est là : celui de résurrection. Car l'histoire est sans cesse à réinventer, dont le but est de faire des hommes « des maîtres des pierres vives ».
Fils d’un imprimeur, docteur ès lettres à 21 ans, Jules Michelet devient professeur d’histoire.
En 1831, il entre aux Archives nationales et enseigne à l’université puis, en 1838, au Collège de France.
A partir de 1833, il rédige son ‘Histoire de France’, œuvre de toute une vie fondée sur une documentation rigoureuse.
Dès 1840, il affiche des idées démocratiques et anticléricales : son hostilité à Louis Napoléon le privent de ses fonctions de professeur et d’archiviste en 1852. Tout en travaillant aux tomes successifs de son histoire de France, il écrit aussi pour le peuple des « cours d’éducation nationale » ainsi que des textes lyriques sur la nature et les passions humaines. Le culte de la vie et la proximité avec le peuple participent à la qualité de son œuvre historique et poétique.