L'arrestation et le procès des Templiers constituent l'une des pages les plus tragiques et les plus scandaleuses de l'histoire de la France et de l'Eglise.
En 1307, Philippe le Bel, qui convoitait les richesses du Temple, fit arrêter en même temps, sur tout le territoire du royaume, tous les membres de ce prestigieux ordre religieux de chevalerie.
L'accusation :
hérésie (les Templiers reniaient le Christ, lors de leur admission dans l'ordre), idolâtrie et sodomie. Avec la complicité du pape, le Bordelais Clément V — qui était son débiteur —, des magistrats et des inquisiteurs qui lui étaient soumis, Philippe le Bel obtint, au terme de sept ans de procès civil et ecclésiastique, la dissolution de l'ordre et la mort sur le bûcher de tous ceux qui avaient refusé d'avouer et de ceux qui avaient rétracté les aveux obtenus sous la torture.
L'affaire fut si bien menée, l'autorité du roi et du pape était telle qu'il s'est trouvé des contemporains, puis des historiens pour croire à la culpabilité de l'ordre.
Ivan Gobry, qui a minutieusement étudié toutes les pièces de l'accusation, de l'instruction et des procès, qui a confronté les aveux incohérents provoqués par la question et par le cachot avec les protestations d'innocence, montre comment toutes les règles du droit, tant civil qu'ecclésiastique, ont été violées pour aboutir au résultat voulu par le roi de France, par les magistrats royaux et par les inquisiteurs. Ce fut véritablement, 650 ans avant l'heure, un procès de Moscou.
Historien et philosophe, Ivan Gobry est professeur à l'université de Reims. Il est l'auteur notamment d'un Saint François d'Assise (Le Seuil), des Moines en Occident (Fayard, 3 vol.), du Modèle de morale (PUF), d'essais sur Nietzsche, Luther, Pascal, Pythagore et, chez Perrin, des Martyrs de la Révolution française.