Présenter en quatre cents pages le drame énorme du Temple, c'était tenter une gageure.
Face à face, un accusé : l'un des ordres religieux les plus puissants de la Chrétienté, répandu dans tous les royaumes d'Occident comme en Terre Sainte, riche de forteresses montant la garde contre l'Infidèle, de domaines urbains et ruraux, de fermes et d'or, doté d'un statut hiérarchique autoritaire, d'un Supérieur strictement obéi, d'un prestigieux passé de gloire militaire ; et l'accusateur : un Roi de France, petit-fils de Saint Louis.
Un soupçon qui naît, mûrit, et brusquement explose jusqu'à embraser l'Europe entière : la poigne du Roi, en l'espace d'un matin, s'est abattue sur le grand arbre et le terrasse, tandis que déferlent les haines. Alors, l'Eglise, le monde qui s'effare, demeurent pour huit années suspendus au destin de ces hommes qui, dans l'atmosphère étouffante des geôles inquisitoriales, circonvenus, torturés, ont crié des aveux extravagants, se rétractent à demi, récitent et rabâchent la perversion de leur ordre ; à peine, ici ou là, le sursaut d'une innocence proclamée, une figure un peu moins veule, un rare héros, qui traversent ces fades relents et secouent d'un éclair les torpeurs inquiètes, jusqu'à ce qu'interviennent enfin les sanglants dénouements, dans l'équivoque et l'imposture : tel est le « Procès des Templiers » !
Raymond Oursel est un historien français. Chartiste, il dédie sa thèse aux églises romanes de l'ancien archidiaconé d'Autun puis soutient une thèse de doctorat ès lettres.