Contributeur: Jean Férole - Association des amis de la commanderie templière de Jalès (Act’Jalès) - https://www.jales.fr
France, département de l'Ardèche, à environ 40 Km au nord d'Alès, commune de Berrias-et-Casteljau.
En 1131, Hugues Rigaud(1) reçoit des mains de Bernard Pelet(2) dont le père Raymond(3) avait suivi le Comte de Toulouse lors de la Première Croisade, le Mas de Salzet dans les Cévennes. Ce don amorce la constitution de la Commanderie de Jalès.
Les templiers construisent à Jales dès 1140 des bâtiments utiles aux besoins spirituels et conventuels de l'Ordre ainsi qu'à leur activité agricole.
Ce site offre un point de vue remarquable de 360° et est l'un des points stratégiques du contrôle de l'accès aux Cévennes. Il offre un grand espace pour les manœuvres et est traversé par des axes de transhumance du bétail du Languedoc vers le Tanargue(4).
La présence d'un puits de grande profondeur, plus d'une quarantaine de mètres, ajoute au caractère remarquable du site.
A la disparition de l’Ordre du Temple, Jalès est confié aux Hospitaliers de St Jean de Jérusalem, futurs chevaliers de Malte.
La commanderie est en partie fortifiée au 14ème siècle. Au 18ème siècle, l’un des commandeurs, Pierre-Emmanuel Pourroy de Lauberivière de Quinsonas, la fait rénover et agrandir. La visite du 28 août 1763 donne une idée de l’état des lieux :
« Visite du château de Jalès. C'est le chef de la commanderie (paroisse de Berrias, en Vivarais ). Il forme un grand carré, entouré d'une double enceinte de murailles, dont les parties du levant et du nord ont été faites à neuf par le commandeur actuel. Aux angles des premiers murs d'enceinte, trois guérites en pierre de taille, couvertes de briques vernissées, au sommet desquelles le commandeur actuel a fait placer des girouettes portant la croix de l'ordre.
Aux quatre angles du château, guérites semblables. Jardin clos de murs, avec treille. De chaque côté du portail du verger, on trouve un "galabert". Prison voûtée, avec une petite fenêtre à double grille.Le geôlier a la garde des fers pour les pieds et les mains.
Écuries. Beau puits au milieu de la cour du château. Trois supports de fer ouvragé soutiennent la poulie et la croix de l'ordre. La façade du château présente deux pavillons. Celui du couchant sert de cage d'escalier ; le second de salle d'audience pour la justice.
La grande porte du château conduit dans un vestibule. Elle est de bois sculpté. Le fronton de la façade porte les armoiries de la religion écartelées avec celles du grand maître Emmanuel Pinto. Le vestibule est voûté, et se termine au levant par une grande porte cintrée. Grand salon voûté. Cave. Cuisine. Un escalier en pierre de taille mène aux appartements d'hiver. Balustrade de fer ciselé. Salle à deux grandes fenêtres, avec belle cheminée à chambranle en noyer sculpté. La chambre neuve est une des plus belles du château. Appartement d'été. La porte des archives est en chêne recouvert de fer. Il y a deux rateliers et vingt fusils pour la garde du château. Belles armoires. Grand bureau où quatre personnes peuvent écrire.
Nouvel appartement, fait pour le commandeur, depuis la dernière visite. Une jolie chambre voûtée sert à loger les prêtres qui disent la messe à la chapelle du château.
Vendue comme bien national en 1793, la commanderie sera divisée par la suite en plusieurs lots dont les propriétaires utiliseront les bâtiments comme habitations ou comme locaux agricoles. C’est grâce à cela que Jalès n’a pas été transformée en carrière de pierre comme de nombreux édifices religieux à cette époque. De nouveaux bâtiments ont même été édifiés au 19ème siècle, du temps où l’élevage du ver à soie était à son apogée.
Aujourd’hui, Jalès appartient toujours à plusieurs propriétaires privés, mais la majeure partie de l’édifice est détenue par un organisme dépendant du conseil général de l’Ardèche.
Un laboratoire du CNRS, l’Institut de Préhistoire Orientale, y est installé. Une autre partie de l’édifice se visite en été et sur réservations hors saison.
C’est l’une des très rares commanderies d’Europe dans laquelle on retrouve la quasi totalité des bâtiments d’origine.
(1)D'après certains auteurs, Hugues Rigaud serait l'un des premiers templiers, mais les informations à son sujet sont très rares.
(2)L'acre est une ancienne unité de mesure de surface. Une acre valait environ 2 jugères (journée de travail avec un boeuf), c'est à dire entre 40 et 50 ares.
(3)Le droit d'herbage est le droit de faire pâturer des bovins sur des prés non fauchés pour les engraisser.
(4)Le droit de panage est le droit de faire pâturer des porcs en forêt pour qu'ils se nourrissent des fruits des arbres (glands, faines).