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La Maison de Ypres
Belgique, Province de Flandre Occidentale, à environ 20 km à l'ouest de Courtrai (Kortrijk), 25 km au nord-ouest de Lille, ville de Ypres (Ieper) .
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La Maison de YpresBelgique, Province de Flandre Occidentale, à environ 20 km à l'ouest de Courtrai (Kortrijk), 25 km au nord-ouest de Lille, ville de Ypres (Ieper) .
Emplacement de la Tempelpoort à YpresL'installation des Templiers à Ypres n'est pas connue avec précision. Selon certains historiens, Geoffroy de Saint-Omer, l'un des fondateurs de l'Ordre avec Hugues de Payns, a fait don d'une maison qu'il possédait à Ypres, située dans la paroissse de Saint-Martin dans le centre de la ville, à sa milice lors de son voyage en Europe en 1127, à la veille du Concile de Troyes.
Ce n'est que quelques temps plus tard, sans que la date ne soit clairement établie, que l'Ordre s'installera hors des murs de la ville, au lieu-dit "Opstal (ou Upstal)", sur un domaine donné par le comte de Flandre(1), sur la rive ouest de l'Iepere, la rivière qui arrosait Ypres à l'époque.
La première mention de l'existence d'une maison templière à Ypres remonte à 1131, lorsque l'archevêque de Reims(2) accorde des droits particuliers à la chapelle de la maison templière d'Ypres qui vient d'être consacrée. A l'occasion de cette consécration, Thierry d'Alsace(3), comte de Flandre, octroie aux Templiers l'autorisation de tenir une foire annuelle lors de l'Ascension.
En 1225, alors qu'elle est à Ypres pour octroyer des privilèges aux bourgeois de la ville, la comtesse Jeanne de Flandre(4) prend des mesures pour diminuer l'importance et l'influence des Templiers dans la ville. Elle reprend pour elle les droits de foire que son aïeul avait otroyés à l'Ordre et en compensation elle annule une redevance annuelle que les Templiers lui devaient pour leur domaine de Slijpe.
La Maison du Temple à YpresEn plus de leur énorme domaine situé à "Upstal", les Templiers possédaient également une maison dans la ville, qui pouvait servir d'Hostellerie ou encore de lieux d'affaires. Il est possible que cette maison soit la même que celle donnée initialement par Geoffroy de Saint-Omer.
En plus du domaine de l'"Upstal" et de cette maison dans la ville, les Templiers possédaient énormément de biens ou de revenus à Ypres. Ils percevaient des rentes et des loyers importants dans plusieurs rues intra et extra-muros de la ville. De plus, ils étaient aussi partie prenante dans l'activité la plus florissante de la ville et ce pourquoi elle était connue dans toute l'Europe, la fabrication de tissus.
En 1307, Rainaud de Picquigny(5), le vidame(6) d'Amiens, transmet au comte de Flandre, Robert III de Béthune(7), les injonctions de Philippe IV "le Bel" d'arrêter les Templiers dans son comté. Mais celui-ci va tergiverser un certain temps. On ne connait pas avec exactitude la date de l'arrestation des Templiers en Flandre, mais il est possible qu'elle se soit déroulée au début de l'année 1308, comme dans le Brabant et la Principauté de Liège. Il semblerait même que ce soient des soldats français qui aient investi les domaines de l'Ordre pour procéder à l'arrestation des Templiers vu le manque d'engouement du comte à le faire lui-même. On ne sais pas exactement comment ça s'est produit à Ypres, mais une chronique rédigée au 16ème siècle, reprenant un récit du 13ème siècle, indique que les occupants de la maison d'Ypres ont quasiment tous été exécutés au moment de leur arrestation, hormis un certain Lieven Wemaere qui est l'auteur de ce récit.
Après 1312 et la promulgation par le pape Clément V de la bulle "Ad Providam", les Hospitaliers de Saint Jean deviennent propriétaires du domaine templier à Ypres. En 1383, les bâtiments situés dans l'"Upstal" sont détruits, lors du siège de la ville(8) par les troupes anglaises d'Henry le Despenser(9).
(1)Certains historiens pensent que cette donation a été faite par Thierry d'Alsace, comte de Flandre de 1128 à 1168.
(2)Renaud de Martigné est né à une date indéterminée et mort en 1138 ou 1139 selon les sources. Il est le fils du seigneur Briant de Martigné et d'une certaine Adelgande. On ne connait rien de sa jeunesse, mais on sait qu'il est évêque d'Angers de 1102 à 1124/1125, avant de devenir archevêque de Reims de 1124/1125 à sa mort. Il est aussi présent lors du concile de Troyes en 1129.
(3)Thierry d'Alsace est comte de Flandre de 1128 à 1168. Il est né vers 1100 et mort en 1168. Il est le fils du duc de Lorainne Thierry II et de Gertrude de Flandre. Il se marie avec Marguerite de Clermont-Beauvaisis sans doute vers 1130, mais il devient veuf en 1133. Il participe à 4 expéditions en Terre Sainte. La première fois en 1139, où il s'illustre de telle façon que le roi Foulques d'Anjou lui donnera la main de sa fille Sybille. Il participe ensuite à la 2e Croisade aux côtés du Roi de France Louis VII. Il va pour la 3e fois en Terre Sainte en 1157 et la 4e fois en 1164.
(4)Jeanne de Flandre, aussi connue comme Jeanne de Hainaut ou encore Jeanne de Constantinople. Elle est née vers 1195 et morte en 1244. Elle est la fille du comte de Flandre Baudouin IX (comte de Hainaut sous le nom de Baudouin VI et empereur de Constantinople sous le nom de Baudouin 1er) et de Marie de Champagne, la fille de fille d'Henri 1er de Champagne et de Marie de France. Elle hérite des comtés de Flandre et de Hainaut après la mort de son père en 1205. Comme elle n'a alors qu'une dizaine d'années, elle est d'abord mise sous la tutelle de son oncle Philippe 1er, comte de Namur, avant d'être prise en charge par le roi de France Philippe II "Auguste". En 1212, elle est mariée par ce dernier à Ferrand ou Ferdinand, infant du Portugal. Après la mort de ce dernier en 1233, Jeanne se remarie en 1237 avec Thomas II de Savoie-Piémont, fils de Thomas 1er, comte de Maurienne et de Savoie, et de Béatrice-Marguerite de Genève. Elle meurt en 1244.
(5)Rainaud ou Renaud de Picquigny est né à une date indéterminée, mais avant 1278, et meurt en 1315. Il est le fils de Jean1er de Picquigny, gouverneur de l'Artois et Vidame d'Amiens, et de Marguerite de Beaumetz, fille de Gilles de Beaumetz et de Jeanne de Beauvoir. Il hérite de la fonction de vidame d'Amiens en 1305, après la mort de son père. A une date indéterminée, il se marie avec Jeanne d'Eu, veuve du vicomte de Turenne, fille de Jean II de Brienne, comte d'Eu et de Béatrix de Châtillon-Saint-Pol.
(6)Le Vidame est un officier chargé d'exercer les pouvoirs temporels, militaires et judiciaires, en lieu et place d'un seigneur ecclésiastique (évêque ou abbé).
(7)Robert III de Flandre, aussi appelé Robert de Dampierre ou Robert de Béthune et surnommé le "Lion des Flandres". Il est né en 1249 et mort en 1322. Il est le fils du comte de Flandre Gui de Dampierre et de Mahaut de Béthune, fille de Robert VII de Béthune et d'Élisabeth de Morialmé. Il devient comte de Flandre à la mort de son père en captivité en 1305. En 1265, il se marie avec Blanche d'Anjou, fille du roi de Sicile Charles 1er et de Béatrice de Provence. Devenu veuf en 1269, il se remarie en 1272 avec Yolande de Bourgogne, fille du comte de Nevers.
(8)Cette expédition militaire est connue sous le nom de Croisade d'Henri le Despenser. Elle est organisée au cours de la Guerre de Cent Ans par Henry le Despenser, évêque de Norwich à la demande du pape Urbain VI dans sa lutte contre Clément VII dans ce que l'histoire appelle "Le Grand Schisme d'Occident". En décembre 1282, les troupes anglaises dirigées par Henry le Despenser et Hugues de Calveley débarquent à Calis, alors ville anglaise. Après avoir passé le reste de l'hiver à Calais, les troupes anglaises se dirigent vers la Flandre au printemps 1383. En mai, les anglais prennent d'abord Gravelines et ensuite Dunkerque avec l'aide des milices venant des villes de Gand, Furnes, Nieuport, Dixmude, Guînes et de Calais. Le 08 juin, l'armée anglaise arrive devant Ypres et y met le siège. Les premiers combats se déroulent près de la porte du Temple, mais les anglais sont repoussés par l'efficacité des défences de la ville. Malgré plusieurs tentatives d'assaut, le siège s'enlise et au début du mois d'aout, les anglais décident d'abandonner le combat et se replient vers Gravelines sous la menace de l'arrivée imminente de troupes françaises appellée à l'aide par Jean d'Oultre, le châtelain d'Ypres. En octobre 1383, tous les anglais sont rentrés en Angleterre.
(9)Henri le Despenser est né vers 1341 et mort en 1406. Il est le fils cadet d'Édouard le Despenser et d'Anne Ferrers. A l'âge de 12 ans, il est chanoine de Llandaff, une paroisse proche de Cardiff. En 1360, il devient recteur de Bosworth. En février 1361, il part étudier la loi civile à l'Université d'Oxford. Il est ordonné prêtre en décembre 1362. Alors qu'il est chanoine à Salisbury, il est nommé évêque de Norwich en juillet 1370. Il occupera cette fonction jusqu'à sa mort en 1406. En 1381, il écrase une rébellion paysanne qui sévit dans l'East Anglia. En 1383, il se rend en Flandre à la tête d'une armée anglaise dans le cadre du Grand Schisme d'Occident. Blâmé pour son échec, il revient dans les grâces du roi Richard II lorsqu'ils se joint à l'ost royal qui se rend en Ecosse pour la punir d'incursions dans le nord de l'Angleterre. En janvier 1400, il est impliqué dans le "soulèvement de l'Épiphanie", une révolte avortée contre le roi d'Angleterre Henri IV dans le but de restaurer le roi Richard II, déposé quelques mois auparavant. Bien que son neveu soit éxécuté comme meneur de ce soulèvement, il est seulement arrêté, emprisonné et enfin pardonné à la fin de l'année. Il meurt en août 1406.
