France, Département du Loir-et-Cher

Projet BeaucéantLa maison d'Arville

France, département du Loir et Cher (41), à environ 30km à l'ouest de Châteaudun et à environ 15 km au nord de Montdoubleau, commune de Couëtron-au-Perche.

On ne connait pas exactement la date d'installation des Templiers à Arville, mais certains pensent que cela s'est produit peu de temps après le Concile de Troyes, donc au cours des années 1130 - 1140. Il justifient cette période en se basant sur une charte de l'abbaye Saint-Denis(1) de Nogent-sur-Rotrou datant "de la même époque" (mais sans citer de date exacte) dans laquelle est cité le nom de Frère Guillaume d'Arville.

Cette donation initiale aurait été faite par Geoffroy III, Vicomte de Châteaudun(2), et consistait en un domaine forestier "vierge" d'environ 1000 hectares.

Ce qui est certain, en tout cas, c'est qu'en 1180, Hugues IV, Vicomte de Châteaudun(3), accorde au Temple d'Arville le droit de faire paître toute l'année 20 vaches et 10 porcs dans les bois qu'il possédait près de leur maison.

L'emplacement de la maison templière d'Arville sur la carte de Cassini
L'emplacement de la maison templière d'Arville
© Carte de Cassini - Gallica (BNF)

En 1208, une charte concernant la maison du Temple de La Bourdinière, mentionne le nom de Robert d'Avelin comme commandeur d'Arville et deux frères de l'Ordre, Laurent et Garin, en tant que témoins du règlement d'un litige de propriété avec le comte de Chartres.

Une dernière charte, datée de 1270, nous apprend que le sieur Baudouin de Cornouailles et sa femme, se donnent ainsi que leurs biens à la maison du Temple de Jérusalem d'Arville.

Après la dissolution de l'Ordre du Temple en 1312, la maison d'Arville devient la propriété de l'Ordre de l'Hopital.

Au cours de la Guerre de Cent Ans(4), le domaine d'Arville a subi de nombreuses destructions et déprédations à tel point qu'en 1410, un décret du chapitre de l'Ordre de l'Hopital octroie aux habitants d'Arville de ne payer que la moitié des redevances qu'ils devaient à l'Ordre à cause des dégâts causés par les Anglais.

A la fin du 15ème siècle, la maison d'Arville, en mauvais état comme l'atteste le compte-rendu d'une visite prieurale en 1495, deviendra une dépendance de la maison de Sours.

Maquette de la commanderie d'Arville
Maquette de la commanderie d'Arville
© www.commanderie-arville.com

Au 17ème siècle, la maison d'Aville est reconstruite et florissante. Un autre compte-rendu d'une visite mentionne qu'on y trouve un beau domaine entouré d'un fossé, avec un parc de 80 arpents de terre, dont des garennes, des jardins, des vergers,...

A ce moment, la maison d'Arville possédait de nombreuses fermes et métairies situées dans plusieurs paroisses des environs, à savoir : dans la paroisse d'Arville, les métairies de la Colasserie, de la Louche-la-Pierre et de l'Atre Guillaume ainsi que la ferme de la Provenderie ; dans la paroisse de la Chapelle-Guillaume, la métairie de la Pinterie ; dans la paroisse de Etilleux, la métairie de la Chenaie ; dans la paroisse de Saint-Mexent, la métairie du Temple et dans la paroisse de Gault, la ferme de la Gravasière.

Actuellement, la commanderie d'Arville, reste, par l'importance des bâtiments existants, un ensemble unique et une des commanderies les mieux conservées de France.

Description des bâtiments existants:

  1. Le porche :
    La partie centrale est d'époque templière, du 12ème siècle. Les tourelles sont plus tardives et ont été érigées aux 15ème et 16ème siècles, à l'époque de l'occupation des lieux par l'Ordre de l'Hopital. Les clochetons sont couverts de tuiles de châtaigniers appelées bardeaux.

  2. Centre des ordres de chevalerie :
    Ce bâtiment, reconstruit au 16ème siècle, était à l'origine une écurie pouvant loger 50 chevaux. La charpente et la toiture ont été détruites par un incendie dû à un orage en 1983. Elles ont été reconstruites à l'identique en 1984, à l'exception du bois utilisé, du chêne aujourd'hui au lieu du châtaignier à l'époque.

  3. La grange dîmière :
    Reconstruite par les Hospitaliers, elle a retrouvé son aspect d'origine après la démolition d'une maison qui avait été bâtie à l'intérieur par des agriculteurs. La charpente du 16ème siècle est en châtaignier.

  4. L'église :
    Construite au 12ème siècle comme Chapelle des Templiers, elle est de style roman, surmontée d'un clocher à trois arcades en plein cintre, symbolisant la trinité. Sous la fenêtre une croix de Malte, emblème des Hospitaliers.
    Elle est construite en grison, pierre locale (conglomérat de silex, quartz, argile et minerai de fer), une autre pierre typique est fréquemment utilisée dans la région, le roussard.

  5. Le pigeonnier :
    Compte 2000 boulins représentant chacun un arpent de terre (50 ares) soit 1000 hectares, ce qui correspondait à l'étendue de l'exploitation agricole des Templiers.
    Belle charpente de forme carrée en châtaignier.

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Notes :

(1)L'abbaye Saint-Denis de Nogent-le-Rotrou a sans doute été fondée vers 1029 par des moines bénédictins grâce à un don fait par Geoffroy III, seigneur de Nogent-le-Rotrou. Elle passe ensuite à l'Ordre de Cluny en 1080. Au milieu du 13ème siècle, l'abbaye entame un lent mais inexorable déclin.

(2)Parfois mentionné comme Geoffroy IV de Mondoubleau (par son mariage). Il est vicomte de Châteaudun de 1110 à 1140. Il est le fils d'Henri III, vicomte de Chateaudun et d'Agnès de Freteval. Il est né vers 1090. En 1110, il épouse Avoise (Helvise ou Havise) de Mondoubleau. Il participe à une expédition en Terre Sainte et meurt à son retour en France, à Chartres en 1140.

(3)Hugues IV est vicomte de Châteaudun de 1150 à 1180. Il nait vers 1135 et meurt en 1180. Il est le fils de Geoffroy III de Châteaudun et d'Helvise de Montdoubleau. En 1159, il fait le pélérinage à Jérusalem. Vers 1150, il se marie avec Marguerite de Saint-Calais dont il aura 6 enfants.

(3)La Guerre de Cent Ans est un conflit discontinu entre le Royaume de France (les Valois) et le Royaume d'Angleterre (les PLantagenêts) qui a débuté en 1337 avec la bataille de Cadzand (en Flandre, à l'embouchure de l'Escaut) et qui s'est terminé officieusement en 1453 après la bataille de Castillon, et officiellement en 1475 avec la signature du traité de Picquigny.

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BibliographieProjet Beaucéant

  1. La commanderie d'Arville - Du rêve des hommes à l'oeuvre de pierre
    Pierre Fauchon ; Editions du Cherche-Lune, 2010
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Sources sur InternetProjet Beaucéant

  1. www.commanderie-arville.com
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