Article original rédigé par Maxime GOEPP et Benjamin SAINTAMON
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Turquie, province de Hatay, à environ 45 km au nord de Hatay, village de Terbezek.
Bâti sur un piton rocheux isolé, le château de Trapesac défendait le col de Belen par le nord, tandis que Gaston en assurait le contrôle au sud.
La passe de Trapesac permettait en outre un accès direct d'Antioche à Alep, en évitant de contourner le lac de 'Amq.
Occupé par les Francs en 1098, puis concedé par le Prince d'Antioche à l'Ordre du Temple, Trapesac sera enlevé en 1168 par Mleh(1), aventurier arménien et templier renégat, passé à la solde de Nur al-Din.
Les Templiers s'y réinstallent à sa mort en 1175 et y soutiennent un terrible siège mené par Saladin du 2 au 16 septembre 1188.
Après une vive résistance dans l'espoir d'être secourus par le prince d'Antioche, ils rendent la place en échange de leur vie sauve.
Une révolte des prisonniers francs de Darbsak se soldant par leur mise à mort est signalée en 1196 dans certaines chroniques arabes.
En décembre 1205, la forteresse, alors aux mains de l'émir d'Alep est l'objet d'une attaque surprise du roi Levon II d'Arménie qui se solde par un échec. On sait par ailleurs qu'une telle expédition avait été proposée aux Templiers par Levon II en 1202, mais en vain.
Au début de l'été 1237, les Templiers, qui viennent de récupérer Gaston, l'une des clés de la frontière syro-cilicienne, décident de s'emparer de la seconde, quinze kilomètres au nord : entre les deux forts, la guérilla était permanente et il fallait y mettre fin.
Alors qu'une trève avait été laborieusement obtenue par Bohémond V, prince d'Antioche, en faveur de la garnison de Gaston assiégée en 1236 par les musulmans, les Templiers décident, un an après, de rompre unilatéralement la trève !
Cent vingt chevaliers du Temple accompagnés de Turcopoles et d'archers se regroupent ainsi à la Roche Guillaume pour tenter de surprendre la garnison de Trapesac.
Sous la conduite de Guillaume de Montferrat, commandeur d'Antioche, et de chevaliers aguerris tel Guy de Gibelet, l'expédition se heurte, après être parvenue à investir la ville basse à une farouche résistance de la garnison qui parvint à alerter Alep.
Des prisonniers francs ont beau crier à leur coreligionnaires de se méfier et de battre en retraire sans attendre, ils se voient traités par ces va-t-en guerre de renégats et de lâches. La cavalerie alépine tombe en trombe sur la troupe fatiguée du Temple et c'est un massacre.
Près de 100 chevaliers sont pris ou tués ce jour là, avec parmi eux Guillaume de Montferrat et Robert d'Argentan, le Gonfanonier. Les vainqueurs rentrent alors à Alep avec un trophée de tètes coupées.
En 1261, les princes d'Arménie parviennent à s'emparer de la citadelle mais doivent la rétrocéder aux Templiers en 1266 avec d'autres châteaux, après une défaite contre les Mamelouks.
Deux ans plus tard, la place est abandonnée par les Templiers qui préférent concentrer leur force sur les murs d'Antioche. On sait enfin qu'en 1280, le Ilkhan Abagha a envoyé une armée mongole qui a dévasté toute la région et a conquis les places fortes de Aintab (Gaziantep), Gaston, Trapesac et Alep.
Les siècles ont finalement effacé la plus grande partie des édifices ayant constitué la fameuse citadelle.
Il ne reste que quelques fragments de courtines,quelques salles voutées, et l'emplacement de deux tours carrées, à chacune des extrémités nord et sud du tell.
Le sommet est occupé par les restes d'un édifice qui semble avoir pu jouer le rôle de réduit.
L'examen rapide des vestiges parsemés parmis les habitations plus récentes est très instructif. Tout d'abord, il semble qu'au moins une face du tell ait été couverte d'un glacis grossier.
Ce dernier affleure encore par endroits. Il semble avoir été réalisé à moindres frais - peut-être lors d'une phase d'occupation postérieure à celle des Francs - , lorsque l'on en compare la qualité à celle de la maçonnerie mise en place pour élever les murailles enfermant la citadelle.
Certains éléments antiques semblent en outre avoir été réutilisés par les bâtisseurs.