Maître de l'Ordre de 1296(1300) à 1305.
Guillaume de Villaret est originaire de Lozère, du village d'Allenc(1) où est situé le château de la famille de Villaret. On ne sait pas exactement à quel âge il entre dans l'Ordre de Saint-Jean, mais en 1265, il est en Terre Sainte et occupe la fonction de drapier de l'Ordre.
Il doit sans doute se faire remarquer en bien, car en 1269, il est renvoyé en Europe pour être le lieutenant du prieur de l'importante commanderie de Saint-Gilles, et en devient le prieur l'année suivante. Il occupera cette fonction jusqu'à son élection comme Grand-Maître de l'Ordre en 1296.
En plus d'occuper cette importante fonction, il est nommé par le pape Grégoire X comme recteur du Comtat Venaissin(2) en avril 1274. Il gardera cette fonction jusqu'aux environs de l'année 1285. D'un autre côté, il est aussi sollicité en 1277 par le roi de Sicile, Charles 1er d'Anjou, pour être son conseiller pour la Provence.
Il se trouve toujours à Saint-Gilles lorsqu'il apprend qu'il a été nommé Grand-Maître de l'Ordre par le chapitre réuni à Limassol début avril 1296, mais il ne se presse pas pour rejoindre la Terre Sainte, préférant rester en Languedoc. Il semblerait qu'après la perte des territoires de Terre Sainte, il ait envisagé de transférer le gouvernement et le siège de l'Ordre en France. Le fait qu'il reste en Languedoc pour diriger l'Ordre ne plait pas aux dignitaires restés à Chypre. Ils lui enverront plusieurs messages de mécontentement et ce n'est qu'après l'envoi d'une délégation dirigée par le prieur de l'Ordre, Jean de Laodicée(2), qu'il consent à se rendre à Chypre. Il y convoquera son premier chapitre général début novembre 13.
Une de ses tâches "administratives" consistera à finaliser la réorganisation des domaines de l'Ordre en Europe en les regroupant en sept entités linguistiques plus ou moins homogènes. Les "Langues" hospitalières sont donc réparties en langue de Provence, d'Auvergne, de France, d'Espagne, d'Italie, d'Allemagne et d'Angleterre.
Du côté militaire, il participe avec Jacques de Molay, Maitre de l'Ordre du Temple, à des expéditions en Cilicie arménienne, et sur les côtes de Terre Sainte à partir de l'îlot de Ruad. Comprenant que l'établissement à long terme de l'Ordre à Chypre sera source d'ennuis avec la royauté de l'île, que les positions en Cilicie arménienne seront rapidement la cible des prochaines conquêtes musulmanes, il tourne son regard vers l'île de Rhodes. Il ne pourra pas mettre son projet de conquête de l'île à exécution, car il meurt au printemps 1305, laissant la tâche à son successeur et neveu, Foulques de Villaret.
(1)Jean de Valenciennes arrive en Terre Sainte avec l'armée de la Sixième Croisade et fait partie des familiers de Louis IX. Envoyé comme émissaire chez les Mamelouks pour négocier la libération de prisonniers chrétiens détenus dans les geôles musulmanes depuis des années. Il négociera la libération de ces prisonniers contre la promesse que Louis IX ne signera aucun pacte d'alliance avec les ayyubides de Damas. Resté en Terre Sainte après le départ du roi, il se marie avec Helvis, l'héritière de la seigneurie de Haïfa. Il portera le titre de seigneur de Haîfa jusqu'à la prise de la cité par Baybars en 1265.
(2)Ce conflit est aussi connu sous le nom de guerre de "Saint-Sabas" qui s'est déroulé de 1256 à 1270, avec une période de conflit intense entre 1256 et 1258 et ensuite de façon plus larvée jusqu'en 1270. Les deux républiques ont chacune reçu des appuis importants notamment des ordres militaires. Les Templiers et les Teutoniques se rangeant du côté de Venise, les Hospitaliers se mettant du côté de Gênes. Ce conflit a aussi déchiré la noblesse de Terre Sainte qui s'est aussi divisée entre les deux camps. Cette fragilisation de ce qui restait des Etats Latins a facilité la reconquête musulmane initiée par Baybars.
Maître précédent : Odon des Pins - Maître suivant : Foulques de Villaret
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