Belgique, province de Hainaut, à environ 10 km au nord-est de Roubaix, 10 km au nord de Tournai, commune d'Estaimpuis.
On ne connait pas exactement la date de l'installation des à Saint-Léger, mais la première mention de leur présence viendrait d'un document datant de 1157, lorsque Maurice, seigneur de La Cabocherie(1) fait don aux frères de l'Ordre de Saint-Léger d'une prairie située à Saint-Léger.
Cette mention semble donc indiquer que les Templiers étaient déjà bien implantés à Saint-Léger à ce moment là.
En 1238, Gossuin Fastret de Saint-Léger, décide d'entrer dans l'Ordre. Il y est accepté, et conformément à l'application de la règle de l'Ordre, il abandonne à celui-ci des alleux qu'il possède dans la commune de Saint-Léger.
Ce don important vient agrandir la maison que les Templiers possédaient dans le village.
"ARNOUL, chevalier sire de Mortagne, châtelain de Tournai, approuve le don, fait au Temple par Gossuin Fastret de Saint-Léger, des alleux qu'il tenait en la châtellenie de Tournai, aux Templiers. Lesquels devront tenir ces alleux que leur reporte Arnoul, comme les tenait Gossuin. Soit à charge de 12 deniers l'an payables à la Noël. (Archives Nationales Paris.S.5210, liasse 46, n°32) "
Etant marié, Gossuin obtient l'accord de Gauthier de Marvis(2), évêque de Tournai, pour se séparer de sa femme et ainsi entrer officiellement dans l'Ordre.
Agnès, femme de Gossuin approuve ce don et cette décision, abandonne ses droits sur ces biens, se voit remettre une somme de 200 livres de Flandre en dédommagement et entre également dans un couvent.
La maison de Saint-Léger reçoit régulièrement des dons en terres et domaines. En février 1257, elle reçoit 5 bonniers situés dans le village voisin de Leers.
Un document (archives nationales, Paris, S.5210.Liasse 45, n°15) stipule que ces 5 bonniers sont reloués à bail par les Templiers à un certain Nicolas Panier de Wastines. Ce document est signé par Gauthier de Villers, commandeur en Flandre, Guillaume d'Ypres, chevalier et Paul Audifer, commandeur de Cobrieux.
Plusieurs actes datés de la deuxième moitié du XIIIème siècle et conservés aux Archives Nationales à Paris, établissent de fait l'expansion des domaines de la commanderie qui s'étendent alors sur plusieurs dizaines d'hectares.
En 1258 un conflit éclate entre la maison du Temple de Saint-Léger et l'abbaye Saint-Martin de Tournai(3). Les Templiers doivent alors rétrocéder la dîme de Templeuve qu'ils percoivent indûment et la rétrocéder à l'abbaye.
Cet acte de rétrocession est approuvé par Marguerite de Constantinople(4), comtesse de Flandre et Walter de Croix(5), évêque de Tournai.
Comme partout ailleurs, les Templiers de Saint-Léger tombent sous le coup de l'ordre d'arrestation lancé contre l'Ordre par Philippe IV "le Bel" en 1307.
Une légende raconte qu'avant de prendre la fuite, les Templiers de Saint-Léger ont déferré leurs chevaux et ont remis les fers à l'envers.
En arrivant près de la commanderie, le prévôt de Tournai a remarqué les traces de ces chevaux ferrés qui se dirigeaient vers la commanderie et de peur de devoir affronter une importante garnison, a fait rebrousser chemin à ses hommes.
Au moment où ce subterfuge est découvert, les Templiers se sont volatilisés dans la nature...
Des bâtiments originaux il ne reste que le "Logis" ainsi qu'une partie de la grange. Bien que remanié de nombreuses fois, le logis garde encore de nombreuses parties originales, surtout du côté ouest. De ce côté, le pignon montre encore la présence d'une imposante rosace à l'étage.
Le petit bâtiment situé sur la droite du Logis, donc du côté est, est une chapelle ajoutée au bâtiment après la dévolution des biens de l'Ordre du Temple à celui de l'Hopital. Une hypothèse stipule qu'à l'époque des Templiers, la chapelle occupait l'étage du logis.
Au 18ème siècle, le bâtiment a été en grande partie détruit par un incendie. La date visible sur la toiture indique l'année de reconstruction de celle-ci et montre l'abaissement du volume de cette partie du bâtiment suite à cet incendie.
(1)La Cabocherie était un petit domaine situé actuellement dans le village de Dottignies, situé à environ 4 km au nord de Saint-Léger.
(2)Gauthier (ou Walter) de Marvis est né à Tournai vers 1175 et y est mort en 1252. Il étudie d'abord à l'école de la cathédrale de Tournai avant d'aller à la Sorbonne à Paris. Il ervient à Tournai vers 1205 où il occupe un poste d'enseignant à l'école de la cathédrale. En 1219, il est ordonné évêque de Tournai. Il pend par ensuite à la La cinquième croisade et y fait la rencontre de Saint François d'Assise. A son retour de croisade, il prend une part active dans la lutte contre le catharisme. Il fait également entreprendre de nombreux travaux dans la ville de Tournai, dont la construction d'une halle sur la grand'place, la reconstruction du choeur de la cathédrale ainsi que la construction de l'église Sainte-Marie-Madeleine hors des murs de la ville médiévale. Il meurt en 1252.
(3)L'abbaye Saint-Martin de Tournai a été fondée dès le 7ème siècle par Saint Eloi au moment où il a entamé l'évangélisation de cette région. Abandonnée lors des invasions normandes des 9ème et 10ème siècles, elle est réhabilitée vers 1095 par Odon de Cambrai, un moine bénédictin occupant le poste d'écolâtre à la cathédrale de Tournai et qui en devient l'abbé. L'abbaye passera au travers des siècles avec des hauts et des bas, mais suite à la Révolution Française, elle sera fortement démantelée. Le palais abbatial abrite actuellement l'administration communale de la ville de Tournai.
(4)Marguerite II de Flandre, connue aussi sous les titres de Marguerite 1ère de Hainaut ou encore Marguerite de Constantinople, est née vers 1202 et morte en 1280. Elle est la fille du comte de Flandre Baudouin IX (comte de Hainaut sous le nom de Baudouin VI et empereur de Constantinople sous le nom de Baudouin 1er) et de Marie de Champagne, la fille de fille d'Henri 1er de Champagne et de Marie de France. Elle hérite des comtés de Flandre et de Hainaut à la mort de sa soeur Jeanne en 1244. A sa mort en 1280, ses deux comtés sont à nouveaux séparés entre ses fils issus de deux mariages, le Hainaut allant à Jean d'Avesnes et la Flandre à Gui de Dampierre.
(5)Hormis le fait qu'il soit évêque de Tournai de 1252 à 1261, succédant ainsi à Gauthier de Marvis, on ne connait pas grand chose de la vie de Walter de Croix.