Maître de l'Ordre du Temple de 1171 à 1180
Originaire du Limousin, Eudes de Saint-Amand occupe la fonction de maréchal lorsqu'il est élu à la tête de l'Ordre pour succéder à Philippe de Milly.
L'Ordre a besoin d'un chef vif, actif et courageux. En 1172, Gauthier du Maisnil, Chevalier du Temple, est accusé par le Roi Amaury Ier d'avoir assassiné un émissaire ismaélien. Le Roi réclame à Eudes de Saint-Amand la livraison du coupable, mais celui-ci arguant du fait que le Temple ne dépend que de la juridiction pontificale, s'y oppose catégoriquement.
Le décès inopiné du Templier coupable, suivi quelques mois plus tard du décès d'Amaury, met fin à cette querelle. Eudes de Saint-Amand acquiert alors la réputation d'un homme dur, intraitable et intransigeant.
Au cours de son magistère, Eudes de Saint-Amand mène plusieurs expéditions contre les forces de Saladin et notamment vers les villes de Naplouse, Jéricho et Djerach, où il remporte plusieurs succès.
La plus belle victoire à laquelle il participe, est sans nulle doute la bataille de Montgisard en 1177.
Après cette glorieuse victoire sur les forces de Saladin, l'Ordre du Temple reçoit plusieurs donations importantes, dont certaines, faites par Renaud, Seigneur de Margat, qui attribuent à l'Ordre la moitié des revenus de plusieurs cités.
En mars 1179, les Templiers achèvent d'édifier une forteresse, le "Chastellet", au Gué de Jacob.
Saladin tente de négocier pour obtenir la destruction de cette forteresse, car sa construction viole l'accord de paix qu'il a signé avec Baudouin IV après la bataille de Montgisard. Les francs refusent, malgré la promesse de Saladin d'offrir plus de 100 000 dînars pour la démolition du fort.
En mai 1179, Saladin veut envahir le royaume de Jerusalem, mais la forteresse du "Chastellet" résiste et l'assaut musulman se brise sur ses murailles, âprement défendues par les Templiers et les hommes du connétable Onfroi de Toron(1).
Baudouin IV, Raymond III de Tripoli, Eudes de Saint-Amand et Roger des Moulins, Maîtres de l'Ordre du Temple et de l'Ordre de l'Hopital, livrent bataille à Saladin dans le Marj' Ayûn. Malgré quelques victoires franques, Saladin écrase l'armée chrétienne et capture Eudes de Saint-Amand.
Sans profiter de sa victoire, Saladin se contente d'assiéger et de détruire la forteresse templière du "Chastellet" à la fin du mois d'août 1179. Saladin fait exécuter les Templiers ainsi que leurs Turcoples(2) et fait jeter leurs cadavres dans la citerne du château
Eudes de Saint-Amand meurt en octobre 1180 dans sa prison, après qu'il ait refusé l'offre de Saladin de l'échanger contre un de ses neveux prisonnier des francs.
(1)Il s'agit de Onfroy (ou Onfroi) II, seigneur de Toron. Il est né vers 1117 sans doute à Toron, et meurt en 1179. Il est le fils de Onfroi 1er, premier seigneur de Toron. On ne connait pas le nom de sa mère. Il hérite de la seigneurie de Toron à la mort de son père, vers 1128. Il devient connétable du royaume de Jérusalem en 1153, après la mort de Manassès de Hierges en 1152. Seigneur de Banias par mariage, il le vend à l'Ordre de l'Hopital ainsi que son autre château de "Chastel-Neuf" en 1157. En 1179, lors d'une escarmouche avec une troupe musulmane commandée par Farrukh Shah, un neveu de Saladin, il meurt de multiples blessures qu'il a reçues en protégeant le roi Baudouin IV.
(2)Les turcoples ou turcoples étaient des cavaliers légers, le plus souvent utilisés par les Ordres Militaires comme combattants auxilliaires. Ces troupes étaient constituées de musulmans convertis, ou de chrétiens d'Orient, ou encore de la population mixte, ceux qu'on appelle les "Poulains". Lors des batailles, leur sort était peu enviable, car les musulmans les considéraient très souvent comme des "rénégats" ou "apostats", et exécutaient tous les turcoples qu'ils capturaient.
Maître précédent : Philippe de Milly - Maître suivant : Arnaud de Toroge
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