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France, département de la Charente-Maritime, à environ 42 km au sud de Saintes, commune de Mirambeau.
On ne peut déterminer avec précision la date de fondation de la commanderie templière de Civrac, mais le premier acte la mentionnant date de 1290. Il s'agit d'une transaction entre frère Hugues Regnault (ou Raynaud), précepteur de la "domus militie Templi de Syvrac" et des particuliers à propos de droits dûs à la commanderie. Vu la nature de cet acte, la fondation de cette maison est sans aucun doute antérieure.
Hugues Regnault (ou Reynault) est le seul commandeur de Civrac dont nous connaissons le nom. Il était encore commandeur en 1307 lors de son arrestation et a été détenu à Saintes. Il était aussi le frère de Hélie Raynaud, commandeur de Cressac.
Les premiers détails concernant le domaine de la maison de Civrac sont repris dans l'enquête pontificale de 1373. Cette enquête nous montre aussi quels ont été les ravages causés par les guerres et la peste.
A ce moment, la commanderie possédait deux dépendances : la maison de Chierzac et une petite exploitation agricole située au hameau de La Lande dans la commune de Lorignac(1). L'enquête nous indique aussi que les 5 moulins (3 à eau, 1 à vent et 1 à tan) qui dépendaient de la commanderie de Civrac ont été détruits ou abandonnés à cause de la guerre et ne rapportent plus aucun revenu.
Comme beaucoup d'autres établissements de la région, Civrac ne se relèvera pas de ces évènements catastrophiques.
A la fin de la guerre de Cent Ans, les Hospitaliers regroupent les commanderies de Civrac, Bussac et Le Deffend pour en faire une baillie autonome et capable de retrouver une économie saine.
A la fin du 15e siècle, ces trois établissements, peu rentables, sont rattachés à la commanderie des Epeaux.
Au 16e siècle, deux nouveaux fléaux viennent frapper la commanderie : Les "Guerres de Religion"(2), ainsi que la "Révolte de la Gabelle"(3).
Dans la deuxième moitié du 16e siècle, une visite prieurale mentionne que tous les bâtiments sont en piteux état après ces troubles. Ces bâtiments se composaient d'une chapelle, d'un logis, d'une cuisine et d'un cellier, d'une annexe servant de dortoir et de grenier, d'une grange, une étable et un pigeonnier.
Il faut attendre la fin du 17e siècle pour qu'une nouvelle visite prieurale constate que la chapelle et le logis ont été rénovés et sont en bon état. Dans un document daté du début du 18e siècle, on mentionne que la chapelle mesure 56 pieds de long sur 17 de large, soit environ 18 m sur 5,6 m.
Au début du 19e siècle, la chapelle n'est plus mentionnée dans les textes, sans que l'on connaisse les causes de sa destruction. A l'heure actuelle, il ne reste plus rien des bâtiments de la commanderie.
(1)Lorignac est une commune située à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest de Mirambeau.
(2)En France, on appelle "Guerres de Religion" une série de huit conflits qui ont ravagé le royaume dans la seconde moitié du 16e siècle et où se sont opposés catholiques et huguenots.
(3)La Révolte de la Gabelle ou La Jacquerie des Pitauds est une révolte paysanne du 16ème siècle qui se déroule en Angoumois et en Saintonge. Par l’édit de Châtellerault de 1541, la gabelle est étendue à l’Angoumois et à la Saintonge, auparavant exemptées de cette taxe, par volonté de centralisation royale. L’achat dans les greniers de sel est obligatoire (sel taxé). Des officiers de la gabelle (Gabelleurs) sont chargés de réprimer les échanges illicites de sel. La contrebande (faux-saunage) s’installe rapidement et la répression effectuée par les gabelleurs est mal supportée par la population. En 1548, des émeutes éclatent en Angoumois et en Saintonge pour faire libérer des contrebandiers (faux-sauniers). L’insurrection dite "des Pitauds" se répand, et compte jusqu'à 20 000 hommes, conduits par un seigneur et rejoints par des prêtres. Des châteaux sont pillés et des gabelleurs sont tués. Bordeaux est contaminée par la révolte où de nombreux officiers et agents royaux sont tués le 21 août 1548. Le roi Henri II bloque Bordeaux et commence la répression. Bordeaux perd ses privilèges. Elle est désarmée, verse une amende, voit son parlement suspendu et des condamnations à mort sont prononcées à l'encontre de révoltés. La répression s’effectue ensuite dans la campagne où l’on pend les meneurs : ni les prêtres, ni les gentilshommes ne sont épargnés. La gabelle est finalement supprimée dans ces provinces en juin 1549, les provinces deviennent des pays rédimés et le roi fait une amnistie générale.